Kyoto sakura ...
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"Lorsque vint l'époque, on discuta pour savoir quel jour serait le plus convenable pour voir les fleurs dans toute leur beauté. Il fallait choisir un dimanche à cause de Teinosuke et d'Etsou ko. Les trois soeurs avaient peur de la pluie ou du vent, tout comme les anciens, dont Satchi ko avait trouvé jadis les craintes tellement vulgaires. Il y avait bien les cerisiers autour d'Ashiya et on pouvait en contempler un grand nombre par les fenêtres du tramway sur la ligne Osaka-Kobe ; ce n'est pas seulement à Kyoto qu'il s'en trouvait, mais, de même que Satchi ko estimait qu'il n'y avait pas de dorades supérieures à celles d'Akashi, elle s'imaginait qu'elle n'avait pas vu de fleurs de cerisiers si elle n'avait pas contemplé celles de Kyoto.
Au printemps précédent, Teinosuke avait hasardé que pour changer on pouvait aller au pont de Brocart ; mais, après leur retour, Satchi ko avait eu l'air d'avoir oublié quelque chose ; elle avait l'impression que ce printemps-là n'était pas un vrai printemps ; elle avait pressé Teinosuke d'aller à Kyoto, où ils étaient arrivés encore à temps pour voir les cerisiers d'Omouro. Leur programme habituel était celui-ci : départ le samedi après-midi, dîner de bonne heure au restaurant de la Gourde, puis, après avoir vu les danses auxquelles ils ne manquaient jamais d'assister, en revenant ils contemplaient les cerisiers de Gion aux lumières ; ils passaient la nuit à l'hôtel ; le lendemain, ils allaient à Arashi-yama ; ils consommaient dans une auberge le repas froid qu'ils avaient apporté et rentraient en ville l'après-midi pour voir les cerisiers du temple de Heian.
Alors Etsou ko s'en retournait avec ses deux jeunes tantes, laissant Teinosuke et Satchi ko passer encore une nuit à Kyoto. Ainsi se terminait l'excursion. Satchi ko laissait pour la fin les cerisiers du temple de Heian parce qu'ils étaient les plus beaux de l'ancienne capitale ; leurs fleurs étaient les plus splendides."
Junichirô TANIZAKI
"Quatre soeurs"
"De nos jours, nombreux sont encore à Kyoto les monastères avec des jardins de pierres.
Parmi les plus célèbres, figurent ceux du Saihô-ji, du Pavillon d'Argent, du Ryôan-ji, du Daitoku-ji, du Myöshin-ji. Mais le plus renommé de tous est celui du Ryôan-ji dont on dit, non sans raison, qu'il incarne l'essence de la philosophie et de l'esthétique zen. Nul autre jardin de pierres ne saurait se mesurer à ses célèbres arrangements de rochers.
Comme à l'ordinaire, le visage de Keiko était éclatant de jeunesse : "Pourtant, ce ne sont que des pierres ? Peut-être y voyez-vous de la puissance, ainsi qu'une certaine beauté dans cette mousse qui les recouvre, mais les pierres sont des pierres ..."
Keiko repris : "Je me souviens d'un haïkaï de Yamaguchi Seishi où il était question de regarder la mer du matin au soir, jour après jour, puis de retourner à Kyôto et de comprendre enfin la signification d'un jardin de pierres."
Yasunari KAWABATA
"Tristesse et beauté"
Mille mercis à Pascale de m'avoir offert ces superbes photos prises à Kyôto en avril 2008 ... seule la première a été faite chez moi, loin, cette année encore, des sakura de Kyôto ... mais je suis persévérante et ne désespère pas de participer à l'Ohanami 2010 ....
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