Les mariés du Meiji jingû ...
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Le sanctuaire Meiji, situé dans le quartier d'Harajuku, est le lieu sacré shintoïste le plus important de Tokyo. Les dépouilles de l'empereur Meiji (qui règna de 1868 à 1912) et de son épouse y sont conservées.
Le dimanche au Meiji jingû, c'est le jour des mariages, comme ICI à Nagasaki où je parlais un peu plus longuement de ces cérémonies.
La mariée est généralement vêtue d'un magnifique kimono blanc ou fleuri et porte une coiffe blanche. Le marié, quant à lui, porte la tenue traditionnelle composée du hakana (large pantalon plissé) et du haori, une tunique longue.
Il existe encore des mariages arrangés au Japon ; on les appelle des omiai. La femme et l'homme, mis en contact par un nakodo (personne qui arrange la rencontre, une femme généralement ...) échangent au préalables des photos et des lettres d'introduction avant de convenir de l'omiai ... cet usage est longuement évoqué dans le magnifique roman de Junichirô Tanizaki "Quatre soeurs" dont je ne résiste pas à publier un extrait ...
"Sachi ko avait presque oublié comment, à la fin de novembre de l'année précédente, alors que les négociations concernant Segoshi (le prétendant du moment) marquaient le pas, elle avait rencontré Mme Jimba à un croisement de rues dans Osaka. Elles avaient parlé vingt ou trente minutes ; le nom de Youki ko avait été prononcé. Mme Jimba s'était écriée : "Comment, votre soeur n'est pas encore mariée!" Satchi ko lui avait demandé de lui faire savoir à l'occasion si elle connaissait un parti possible, puis elles s'étaient séparées. A ce moment, elle s'imaginait que les négociations regardant Segoshi allaient prendre un tour favorable ; elle avait parlé à Mme Jimba à moitié en plaisant, mais cette dernière avait pris la chose au sérieux. Elle avait demandé par la suite des nouvelles de Youki ko.
La vérité était qu'elle avait négligé d'en parler plus tôt, mais un cousin de M. Hamada Jôkitchi (ce dernier était le directeur de la compagnie des tramways du Kansai) envers qui son mari avait des obligations avait perdu sa femme quelques années auparavant et on lui cherchait une seconde femme ; M. Hamada avait demandé instamment qu'on voulût bien lui signaler une bonne union possible ; il lui avait même joint une photographie.
Mme Jimba avait pensé à Youki ko. Son mari ne connaissait pas personnellement ce monsieur, mais, comme il était recommandé par M. Hamada, aucune erreur n'était possible à son sujet. En tout cas, elle allait envoyer la photo sous pli séparé ; les Makioka voudraient peut être faire une enquête pour avoir des détails ; ils pouvaient se baser sur les renseignements écrits au dos de la photo.
S'ils jujeaient ensuite que la candidature pouvait être envisagée, Satchi ko n'avait qu'à le lui dire et elle serait toujours heureuse d'arranger une entrevue. Il valait mieux discuter ces sujets de vive voix, mais, comme on avait l'air de presser leurs recherches, elle jugeait bon d'écrire, quoi qu'il advînt. Le lendemain arrivait la photographie.
Satchi ko envoya immédiatement une lettre de remerciements. Elle était très reconnaissante à Mme Jimba de son amabilité, mais elle demandait qu'on lui accordât un mois ou deux pour donner une réponse : Youki ko venait à peine de rompre des pourparlers de mariage. En pensant à ce que pouvait être son état d'esprit, elle jugeait préférable de mettre quelque temps avant de lui parler d'un nouveau projet ; ils voulaient cette fois se donner le temps d'agir avec prudence ; après avoir fait une enquête complète, elle aurait recours à Mme Jimba le cas échéant. Ainsi que Mme Jimba le savaitn Youki ko se mariait tard ; trop d'entrevues s'étaient terminées sans résultat, de sorte qu'elle était vraiment à plaindre. Ainsi écrivait-elle en toute sincérité.
Cette fois ils conduiraient eux-mêmes leur enquête sans précipitation ; si elle était satisfaisante, ils parleraient à la maison aînée, puis à Youki ko."
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