Une cérémonie shinto (presque) privée au Shimogamo jinja ...
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Une religiosité flottante
Apaisement plus que vérité
Au bout du compte, comment définir le sentiment religieux des Japonais ? On dit souvent que le Japonais naît, grandit et s'amuse shinto, s'éduque confucéen, se marie chrétien, vit dans l'irréligion et meurt bouddhiste ! Cette image rapide possède sans aucun doute sa part de vérité. La religion au Japon se caractérise par un pragmatisme profond, une allergie aux dogmes, une absence de référence religieuse précise, une horreur de l'exclusivisme et des structures fixes. Pas de paroles de vérité, pas de conceptualisation : si la vérité fait du bien, alors c'est la vérité. Peu importe qu'une religion soit bonne ou vraie, l'essentiel est qu'elle soit efficace. On recherche dans la religion sans doute plus un apaisement, une guérison des maux de ce bas monde, qu'une vérité et une transcendance.
La religion chrétienne séduit par sa vision de la personne ou une certaine conception de la famille par exemple Mais on n'en devient pas pour autant chrétien (2% de la population seulement) car la morale et les vérités chrétiennes renvoient à quelque chose perçu sans doute comme trop idéal et trop lointain, voire trop agressif.
La multi-appartenance des Japonais à des religions distinctes apparaît en pleine lumière dans les statistiques : selon une enquête récente menée conjointement par le journal Mainichi et la chaîne de télévision nationale NHK, 70 % des Japonais n'éprouvent aucun sentiment religieux.
Pourtant, lorsque l'on additionne le nombre des membres des différentes organisations religieuses, on arrive au chiffre de 215 millions de fidèles ... alors que le Japon ne compte que 128 millions d'habitants.
Ce qui signifie que pour les Japonais appartenir à des communautés religieuses différentes n'est en aucune façon une attitude surprenante.
Un Japonais peut donc parfaitement aller faire ses dévotions le 1er janvier au sanctuaire shinto du quartier et s'engager activement dans les matsuri, les fêtes religieuses en l'honneur de la divinité locale qui scandent la vie du quartier ou du village.
Le même peut avoir le nom de ses ancêtres inscrit sur les tablettes funéraires du temple bouddhiste voisin, un temple zen par exemple, et par ailleurs participer aux cérémonies religieuses organisées dans un temple d'obédience animiste parce que c'est là qu'est enregistrée la famille de son conjoint.
Le même peut déclarer par ailleurs à qui veut l'entendre qu'il n'est pas religieux ...
Un autre peut commander des funérailles bouddhistes pour un membre - non croyant - de sa famille qui vient de décéder après avoir dépensé une grosse somme d'argent pour le mariage de sa fille célébré selon les rites shinto puis béni dans une chapelle chrétienne devant un curé ou un pasteur !
Fou (ou occidental ...) serait celui qui aurait à y redire ...
Extrait de l'ouvrage "Le Japon des Japonais" - Philippe Pons et Pierre-François Souyri
Photos prises par mes soins ...
avec le plus de discrétion possible ...
au Shimogamo jinja ...
situé au nord de la Kamo-gawa ...
à Kyoto en octobre 2009
Merci de votre visite !
Ja mata ne !!
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