Petite chronique d'Asakusa : Sanja matsuri ... les enfants aussi ...
xx
Les enfants aussi ont droit à leur matsuri ...
Les mikoshi sont adaptés à leur taille ...
Les taiko aussi ...
Comme les adultes, les enfants vont défiler dans le quartier, encadrés et aidés par leurs parents ... les sanctuaires portatifs, même petits, sont très lourds ...
La "chef" du mikoshi des filles ... c'est elle qui a le sifflet !!
C'était aussi l'occasion de photographier de belles "bouilles" ...
enfin, pas que de belles "bouilles" ...
De la normalité ... (petit clin d'oeil à Désirée ...)
"C'est un penchant qui s'est asséché et émoussé avec le temps, mais il est toujours resté ancré en moi : enfant, puis adolescent, je ne rechignais pas à consacrer une journée entière à la rêverie. Pour ceux qui n'ont pas eu cette vie particulière, entièrement placée sous l'influence du rêve, cela ne pouvait présenter qu'un danger, si bien que ma grand-mère et mon père, inquiets de mon avenir, et en même temps trop confiants en mon intelligence naturelle, ont sans doute, pour la réveiller, imaginé qu'il fallait ôter la toile d'araignée qui emprisonnait les ailes de la jeune libellule, au risque de la tuer, afin de permettre à ma nature de s'envoler librement
Ils ont cherché à supprimer tout ce qui était bizarre autour de moi. A commencer par mon livre de chevet Les Mille et Une Nuits (en vérité, ce qui fascinait l'enfant que j'étais n'était ni "Aladin ou la lampe merveilleuse" ni "Les voyages de Sindbâd le marin", mais la beauté mélancolique de la scène du harem qui révélait l'infidélité de l'épouse de Shâhriyâr ou l'histoire du roi de l'île d'Ebène), puis les contes brutaux de Grimm, une étrange statuette de divinité maléfique du Pacifique sud, une boite à bijoux en ébène que je m'étais amusé à faire passer pour un cercueil en y casant une petite poupée et qui nous permettait, à ma cousine et à moi, de jouer aux funérailles, etc. : tous ces objets de collection qui pouvaient paraître malsains, du moins aux yeux des adultes, ont été ainsi confisqués. Mais, au fond, qu'est-ce que le critère immuable de la santé et de la normalité ? Ce qui est normal pour les adultes devrait-il l'être aussi pour les enfants ? Et inversement, y aurait-il une raison pour ce qu'un enfant trouve véritablement normal pour un coeur d'enfant doive nécessairement le paraître aux yeux d'un adulte ? Cette opposition entre adultes et enfants pourrait créer un malentendu chez certains. Oui, un malentendu - ni plus ni moins. Car leur reproches avaient pour présupposé leur domination sur l'univers des enfants.
Ma grand-mère et mon père (ma mère était la seule à me comprendre) ne manquaient pas de tomber dans le même type d'erreur : ils se sont trompés sur moi et ils se sont trompés de thérapie. Jamais, en effet, la rêverie ne m'avait empêché de m'envoler. Il y avait longtemps que je m'étais envolé dans un autre type d'envol que celui qu'ils imaginaient.
En me voyant plongé dans une rêverie, ils étaient loin de concevoir que, dans mon for intérieur, je déployais les ailes sous un vaste firmament, d'une constellation à l'autre ; ils ont ainsi arraché de force la toile d'araignée scintillante qui s'accrochait à moi, mais ce qu'ils prenaient pour une toile d'araignée n'était en réalité que mes ailes, aussi fragiles que celles d'un éphémère. C'étaient précisément eux qui empêchaient l'envol de mon naturel, mais souvent l'échec d'un acte est sauvé par la pertinence de son but. Dans mon cas, il y avait également des effets bénéfiques. Cela me permit de sortir d'une rêverie jusqu'alors entièrement passive et m'enseigna le courage d'assumer la rêverie. Les Mille et Une Nuits, je devais les rédiger de ma propre plume sans compter sur les livres qui me seraient offerts. Je suis passé d'une simple absorption dans la rêverie au courage de l'assumer. Cela dit, il existe aussi un certain type de courage qu'il n'est possible d'acquérir qu'en passant par l'étape de l'absorption."
Yukio MISHIMA
"Une matinée d'amour pur"
Extrait de la nouvelle "Une histoire sur un promontoire"
xx
Merci de votre visite !
xx