Petite chronique d'Asakusa : un peu d'histoire ... d'Asakusa au quartier des plaisirs de Yoshiwara ...
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Asakusa est le quartier de Tokyo qui m'est le plus familier. C'est là que j'ai séjourné lors de mes deux séjours dans la capitale nippone, en juillet 2006 et mai 2009.
Asakusa, situé au nord-est de Tokyo, est au coeur de la ville basse (Shitmachi) - en opposition à Yamanote, la ville haute - là où s'installèrent à l'époque d'Edo les commerçants et artisans ; la ville haute étant alors réservée aux samouraïs et à leur famille.
Géographiquement, Asakusa est bien situé en dehors de la fameuse ligne Yamanote qui encercle la ville haute qui comprend une grande partie des quartiers huppés de Tokyo.
C'est donc parce que je connais un peu mieux Asakusa, et que j'ai un réel attachement à ce quartier, que je vais en parler un peu plus longuement, au travers de "Petite chronique d'Asakusa", clin d'oeil à l'oeuvre de jeunesse de Kawabata Yasunari "Chronique d'Asakusa".
Un peu d'histoire donc ...
Dès l'époque des Tokugawa (1603/1867) les foules affluent sur Asakusa. Le quartier, situé au nord-est d'Edo, se développe autour du Senso-ji, le plus vieux temple bouddhiste de la ville.
En ces temps, la vie est particulièrement rude ; rendre visite au temple Kannon est un acte des plus recommandables.
Pourtant, malgré ses mille feux, la divinité n'aurait jamais été aussi éclatante sans l'aide de quelques ombres voisines : la première est celle qui place Asakusa sur la route menant à Yoshiwara, célèbre royaume des maisons closes.
Quartier des courtisanes vers 1890
La seconde est le fait des autorités shogunales qui, au milieu du 19ème siècle, refoulent en périphérie le kabuki, théâtre jugé trop délétère pour le coeur de leur cité. Ses acteurs qui jouent des rôles de femmes (onnagata) envahissent alors Asakusa et apprennent auprès des courtisanes de Yoshiwara.
Après la deuxième guerre mondiale, Asakusa est réduite en cendres. Le quartier se reconstruit, sans perdre pour autant son échelle humaine.
Prélude au désir d'Utamaro Kitagawa (1753-806)
L'art du plaisir - l'ukiyô-e, le monde flottant ...
Situé au nord d'Asakusa, Yoshiwara (rebaptisé aujourd'hui Senzoku) fut une enclave de plaisirs pendant trois siècles (1657/1957). Le shogunat ne pouvant interdire la prostitution (beaucoup de célibataires vivaient alors à Edo) décida de la parquer.
Yoshiwara 1791/1792 - Shusho Katsukawa
Le quartier clos précéda les maisons closes avec un art du plaisir, dit-on, des plus subtils selon le rang des courtisanes. Car celui-ci avait son étiquette. Il faillit même trouver sa voie comme l'art de la guerre ou l'art du thé.
Yoshiwara 1791/1792 - Shusho Katsukawa
Au milieu du 18ème siècle, le quartier comptait plus de 7000 filles - certaines peu fortunées - l'art d'aimer relevant de la survie pour nombre de paysannes embrigadées. Un temple leur était même dédié : Nagekomi dera (celui où on jette les corps).
Le quartier des plaisirs de Yoshiwara est évoqué dans le film japonais réalisé par Mika Ninagawa : Sakuran.
Alors que je me promenais dans les jardins du Senso ji, une photographe était en train de réaliser des photos de "courtisanes" et m'a très gentiment autorisée à prendre ces photos ...
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